Invisibiliser la résistance de l’intime
Les tissus, les dentelles, les fils racontent. Derrière chaque geste se cache une mémoire collective, intime et souvent féminine. À travers Invisibiliser, la résistance de l’intime, je m’intéresse aux pratiques textiles comme langages de l’ombre : ceux des femmes assignées à un espace clos, souvent privé, intime, qui ont su y inscrire des formes de résistance silencieuse.
Les travaux d’aiguille, longtemps considérés comme naturels et domestiques, sont en réalité construits historiquement comme moyens d’occuper le temps des femmes. La couture, la broderie, la tapisserie deviennent ainsi les outils d’un enfermement symbolique : un savoir-faire transmis, codifié, valorisé comme preuve de vertu ou de respectabilité. Mais ce geste répété, de nouer, dénouer et croiser, devient aussi un geste de réflexion, de narration. Dans mes œuvres, je m’appuie sur cette ambivalence du textile : à la fois outil d’assignation et support de libération. Je travaille la dentelle noire, j’en isole les motifs, je les découpe, les recompose. Ce faisant, je déplace le geste : je rends visible, j’expose. J’interroge ainsi la frontière entre l’intime et le social, entre ce qui est montré et ce qui est tu. Le fil devient ainsi un médium politique. Il porte la mémoire d’une parole empêchée, mais toujours persistante.
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Hors-champs – installation in-situ – 2021






Herbiers intimes – dentelles, laine, tulle – 2018

O’rage – dentelles, ruban, tulle- 2018


