Paroles d’herbes, une histoire du végétal
Le temps du vivant est éphémère : la feuille tombe, la fleur fane. Depuis plusieurs années je collecte les déchets de l’industrie horticole – des résidus issus d’un processus de production et de consommation. Accumulant ces éléments naturels, j’en marque l’empreinte à la peinture, créant une mémoire visuelle de cette existence précaire.
Le cœur des fleurs, leurs feuilles, leurs tiges ou pétales offrent une infinité de formes qui se révèlent avec une immédiateté déconcertante. La trace se répète, se démultiplie. Manipuler cette matière non choisie, en grande variété, m’a amenée à développer une autre connaissance des végétaux. Leur souplesse ou leur résistance, leur capacité à absorber ou refuser l’encre, influencent chaque empreinte. Le végétal devient outil, pinceau, et finalement œuvre en soi. En se recouvrant d’encre et de peinture, il se fige, se fossilise. Il devient alors relique, objet de mémoire. Ma recherche, d’abord centré sur la temporalité courte – floraison, cycle saisonnier – s’est déplacée à une échelle plus vaste : celle des âges, de la fossilisation, de l’archive naturelle. Paroles d’herbes, une histoire du végétal explore cette tension entre trace et effacement. Mon geste cherche une mémoire sensible, visuelle, presque archéologique. Le végétal devient témoin d’un passage, porteur d’un langage silencieux que l’acte artistique révèle.
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N’est-il personne ? – installation in situ – 2023

Efflorescence – empreintes végétales à l’encre sur papier -2022
Déploration – tiges encrées cousues sur voile – 2022





