Mauvaises herbes, un état d’inculture
Les mauvaises herbes surgissent dans les marges, sur les bords de chemin, dans les friches. On les piétine, on les arrache. Mais ces plantes spontanées prolifèrent, résistantes et libres. Mes déchets végétaux ont suivi ce même destin : devenus encombrants, ils ont commencé à coloniser mon espace, à réécrire leur propre existence.
De cette prolifération est née une série d’installations où la trace laisse place à la matière. Les rebuts deviennent modules, structures, volumes. J’explore leurs formes, les regroupe par familles, les assemble en grand nombre et les organisent dans l’espace selon une logique organique, entre prolifération et équilibre. Le geste artistique revalorise ce qui a été rejeté, transformant l’oublié en présence visible. J’associe ces matériaux à du tulle, des voiles, de l’argile, créant des tensions entre transparence et densité, entre éphémère et permanence. Je cherche à interroger la valeur que nous attribuons à la matière. Aujourd’hui, le déchet cristallise une angoisse collective : il est trop, il déborde, il témoigne. On le cache, on le déplace, on l’exporte. Le végétal devenu rebus, comme les mauvaises herbes, ne disparaît pas : il insiste. En le manipulant, je ne le restaure pas à un état antérieur, mais je l’ouvre à une autre forme de présence. Mon geste créatif devient écoute et ce fait état d’une acceptation du désordre fertile des choses.
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La chute – L’envol – Prolifération – installation in-situ – 2022

