Immobilité, un préjugé végétal
Je photographie et dessine les arbres nus, dans leur phase hivernale. J’ai choisi ce moment où leur présence semble effacée, oubliée. Pourtant, c’est dans ce retrait que s’exprime une élan profond. Immobilité, un préjugé végétal rend hommage à ce silence vivant, à une vitalité discrète et ténue.
Loin d’être des formes mortes, ces corps dénudés révèlent une force souterraine, une architecture vivante. L’hiver devient un temps suspendu, un point d’équilibre, où tout semble figé mais rien n’est inerte. Mon dessin suit les ramifications, les tensions invisibles. D’un geste lent, le trait répète, relie, prolonge. Ce travail devient une cartographie sensible du vivant. À mesure, le geste se libère. Les tracés deviennent plus intuitifs, les connexions imaginaires. Les lignes réelles se doublent de lignes intérieures : ce n’est plus une simple transcription mais une interprétation. Ce basculement a marqué un tournant dans ma pratique : je ne me contente plus de révéler une structure, j’en invente une autre, parallèle, intime, sensible. C’est cette temporalité propre, cette verticalité silencieuse, que je cherche à retrouver dans le rythme de mes traits.
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Variation – peinture à l’huile sur papier pergamon – 2019




Autan – peinture à l’huile sur papier pergamon – 2019



